http://www.voilesetvoiliers.com/voile-legere/du-nouveau-a-la-fin-a-la-ffv-l-equipe-de-france-de-funboard-prend-son-envol/ avec les images, ça se lit mieux
L’équipe de France de Funboard prend son envol | Publié le : 12/01/2012 | par Olivier Bourbon
En 2010, Antoine Albeau était élu Marin de l’Année. En 2011, la FFV crée une Equipe de France de Funboard. Une nouvelle étape de la reconnaissance de la discipline, non dénuée d’enjeux…Le funboard a désormais son équipe de France ! Une nouvelle étape dans la reconnaissance de cette discipline par la voile française, un an après le sacre retentissant d’Antoine Albeau comme Marin de l’Année 2010. Tour d’horizon des enjeux liés au lancement de ce quatrième collectif national créé au sein de la Fédération Française de Voile.
«Beaucoup de monde considère le funboard comme étant une discipline cool. En réalité, c’est hyper-pro, comme le circuit olympique. Dans tous les sports il y a une équipe de France, alors pourquoi pas nous ?» En quelques phrases, Antoine Albeau résume l’état d’esprit général qui prévaut chez les différents protagonistes impliqués dans la création de l’équipe de France de Funboard.
Le 30 novembre dernier, la création de ce quatrième collectif national était officialisée dans un restaurant parisien sur les bords de Seine. Il y a du beau monde autour de la table, aux côtés du Marin de l’Année 2010, le funboarder aux 19 titres mondiaux (!), Antoine Albeau, à commencer par trois des quatre autres membres de cette toute nouvelle équipe de France (voir encadré ci-dessous) : Valérie Arrighetti-Guibaudo, Alice Arutkin et Cyril Moussilmani – son frère Sylvain, retenu à Maui, manque donc à l’appel. S’y ajoutent le DTN Philippe Gouard, le Président de la FFV Jean-Pierre Champion, le manager général Didier Flamme et le manager sportif Yann Bouverne. Une bonne occasion d’échanger sur les tenants et les aboutissants du lancement de cette équipe.
Reconnaissance«Je ressentais l’absence d’équipe de France comme un manque de reconnaissance, avoue à son tour Alice Arutkin. On ne faisait pas partie d’un groupe, on se sentait à part, livrés à nous-mêmes.» C’est donc bien ce besoin de reconnaissance et une attente particulière des coureurs qui ont d’abord motivé le lancement d’une équipe de France de Funboard. Jusqu’ici, il avait manqué un déclic. Le titre de Marin de l’Année 2010 décroché par Antoine Albeau en a incontestablement été un.
«On aurait pu créer cette équipe il y a dix ans, mais il manquait des briques pour finaliser le lancement, explique le DTN Philippe Gouard. Avec le titre de Marin de l’Année d’Antoine, tout était réuni pour franchir le pas. La voile est très diversifiée en France et nous souhaitions montrer qu’il faut considérer également toutes les disciplines : le funboard a toute sa place, au même titre que le match racing, l’olympisme ou la course au large.»«Cerise sur le gâteau», dixit Jean-Pierre Champion, la création du collectif consacre un long travail de structuration du funboard en France.
«Ce n’est qu’en 1994 que le funboard a été reconnu en tant que discipline de haut niveau par le ministère», rappelle d’ailleurs Didier Flamme.
«Vraiment un plus»Mais qu’est-ce que cette Equipe va apporter, concrètement ? Peu de moyens financiers vraisemblablement car ils seront limités dans un premier temps limité et le gros des ressources provient toujours des sponsors. Les quatre coureurs interrogés insistent plutôt sur l’importance de faire partie d’un groupe et de porter les couleurs de leur pays. Et au-delà de cet aspect symbolique, l’équipe fournira des outils de travail pour favoriser la réussite des cinq funboarders. Il faudra donc s’adapter, tous étant habitués à s’entrainer seuls et à assumer totalement leurs projets, avec peu ou pas d’aides extérieures. Le funboard est en cela totalement différent d’autres disciplines de la voile dans lesquelles la culture du travail en groupe est ancrée dès le plus jeune âge.
Pour ne pas trop bousculer les habitudes des athlètes, la FFV a opté pour un accompagnement personnalisé. Yann Bouverne, manager sportif de l’équipe :
«La stratégie consiste à partir des besoins individuels de chacun et de voir ce que nous pouvons leur apporter en terme de préparations physique et mentale. On ne va pas remettre en cause la manière de faire de quelqu’un comme Antoine Albeau, mais on peut voir par petites touches ce qui lui manque. Nous pourrons aussi analyser la concurrence avec un regard extérieur et objectif.» En plus d’actions individualisées, des regroupements seront propoés pour progresser et favoriser la cohésion du groupe. Rien de superflu.
«Actuellement, j’ai un coach physique, mais pas de préparateur mental ni d’entraineur sur l’eau. Ce sera vraiment un plus», se réjouit Cyril Moussilmani.
Vers une meilleure promotion du fun en France ?Obtenir de bons résultats sportifs n’est bien entendu pas l’unique objectif de ce nouveau collectif qui vise aussi à promouvoir le funboard en France. Le label équipe de France serait-il le gage d’une médiatisation accrue ? Tous l’espèrent et comptent bien profiter de l’expérience de la FFV pour toucher un public plus large, via des médias nationaux pour l’instant peu enclins à évoquer ce sport.
«C’est aussi à nous de prouver que nous méritons d’être médiatisés», prévient Valérie Arrighetti-Guibaudo. Le funboard a du reste de nombreux atouts pour plaire au public. Résolument spectaculaire, c’est aussi une discipline lisible : dans les slaloms, les quatre premiers sont qualifiés, les quatre autres éliminés. C’est d’ailleurs en partie dans un souci de clarté que l’Equipe de France de Funboard ne concernera que les épreuves de slalom, et non de vagues et de freestyle – plus floues car soumises au jugement d’un jury.
Se pose surtout la question de la pratique du funboard dans l’hexagone et de son enseignement dans les écoles de voile. Principal frein à une pratique plus étendue de ce sport ludique : la difficulté à réunir toutes les conditions propices à une bonne pratique – sites adaptés, vents relativement soutenus, niveau technique minimum, etc. S’il est certes plus facile de naviguer sur une planche à voile classique, Jean-Pierre Champion promet que les efforts pour promouvoir le fun dans les écoles de voile vont s’intensifier.
Créer des passerelles, assurer la relève La création de collectif entre aussi dans le cadre de ce que la FFV appelle le "Haut Niveau Globalisé", dont l’idée est de créer des passerelles entre les différentes disciplines de la voile afin de favoriser les échanges, partager les savoir-faire et explorer d’autres horizons. Julien Bontemps, médaillé d’argent aux Jeux de Pékin, navigue aussi en fun, tandis qu’Antoine Albeau s’entraine parfois avec l’équipe de planche olympique.
Pour illustrer l’intérêt de cette carte de la transversalité, Jean-Pierre Champion donne l’exemple de Yann Guichard et Pierre Pennec qui naviguaient sur le même Tornado aux JO de Sydney en 2000 et sont aujourd’hui à la barre de deux AC45 dans l’America’s Cup (Yann Guichard sur Energy Team – en remplacement de Loïck Peyron – et Pierre Pennec sur Aleph, ndr). Autre exemple, celui de Sébastien Col, venu du match-racing et de l’olympisme mais capable de jolies performances en voile océanique, comme en témoigne sa récente quatrième place lors de la Transat Jacques Vabre avec François Gabart.
Autre objectif primordial de l’équipe de France de Funboard : assurer la relève. Bien que très expérimentée – à l’exception d’Alice Arutkin, 19 ans, tous ses membres ont entre 30 et 40 ans – l’équipe se tourne donc résolument vers l’avenir. Vitrine du haut niveau, elle a en effet pour ambition de donner un nouvel objectif aux jeunes talents. Antoine Albeau :
«En tant que capitaine, je vais m’attacher à les motiver, à leur montrer qu’ils peuvent y arriver. La perspective d’intégrer une équipe de France Espoir sera très motivante». Ah ! Une équipe de France Espoir serait déjà envisagée ?
«Bien sûr qu’on y pense, mais on déclinera tout cela petit à petit», répond prudemment Jean-Pierre Champion.
La mise en place d’un dispositif tourné vers les jeunes leur permettrait de profiter au mieux des compétences des funboarders les plus expérimentés. Avec, qui sait, la possibilité de participer un jour aux JO, les choix de l’ISAF en matière de séries olympiques étant de plus en plus divers et difficiles à appréhender. Philippe Gouard :
«La Fédération internationale évolue en permanence ; des supports sont écartés, d’autres font leur entrée aux Jeux. Notre objectif est d’être impliqués partout au haut niveau, de manière à être prêts quand il y a une évolution. Si le funboard est retenu un jour, nous répondrons présents !»
Le programme de l’équipe de France de funboard en 2012> L’équipe de France prendra part aux huit étapes du circuit professionnel PWA (Professional Windsurfing Association) au Vietnam (du 12 au 18 février), en Corée (du 5 au 11 mai), à Aruba (dates à confirmer), en Espagne (dates à confirmer), en France (Marseille, du 20 au 24 juin), à Fuerteventura (20 au 30 juillet), en Turquie (6 au 11 août) et en Allemagne (28 septembre au 7 octobre). L’équipe de France s’alignera exclusivement sur les épreuves de slalom, pas sur celles de vagues ni de freestyle. Pour en savoir plus sur le circuit PWA, voir ici.
> Antoine Albeau, Valérie Arrighetti-Guibaudo, Alice Arutkin et les frères Moussilmani particperont aussi au Championnat du monde IFCA (International Funboard Class Association) – un championnat du monde indépendant qui se tiendra en Argentine du 19 au 24 novembre.